FLAUBERT Gustave Madame Bovary – Mœurs de Province-.

Carteret, I, 265 ; Vicaire, III, 721 ; Clouzot, 121.

Édition originale. Exemplaire exceptionnel ayant appartenu à Charles Asselineau, ami et défenseur de Charles Baudelaire durant son procès. 

Lors de leurs publications Madame Bovary et les Fleurs du Mal, sont attaquées en justice par le même magistrat, Ernest Pinard. Il juge Madame Bovary licencieux, Flaubert est acquitté grâce à un réquisitoire de son avocat Antoine Sénard à qui le livre est dédié. 

Lorsque Les Fleurs du mal sont poursuivies et condamnées, Baudelaire écrit à Flaubert. Dans une lettre du 25 août 1857, il évoque à la fois son soutien et la critique qu’il destine au roman  : 

« Cher ami,

[…]Et l’article sur Madame Bovary recule encore de quelques jours ! Quelle interruption dans la vie qu’une aventure ridicule!

La comédie s’est jouée jeudi, cela a duré longtemps !

Enfin, 300 fr. d’amende, 200 fr. pour les éditeurs, suppression des numéros 20, 30, 39, 80, 81 et 87. Je vous écrirai longuement cette nuit. Tout à vous, vous le savez. »

Sa critique du roman de Flaubert paraît finalement le 18 octobre dans l’Artiste.

Charles Asselineau, quant à lui, rédige un texte pour prendre la défense de Baudelaire, où il y souligne la réception critique de l’œuvre de Flaubert, qu’il cite explicitement. Son plaidoyer est présenté au tribunal :

« Tout récemment encore, n’a-t-elle [la foule] pas fait accueil à Gustave Flaubert ? »

Flaubert semble touché par l’attention d’Asselineau, il écrit à Baudelaire le 23 août : 

« J’ai reçu les articles sur votre volume. Celui d’Asselineau m’a fait grand plaisir. Il est, par parenthèse, bien aimable pour moi. Dites-lui de ma part un petit mot de remerciement. »

Cet exemplaire incarne ainsi un moment charnière de la littérature française moderne, au croisement de la censure, de la solidarité littéraire et du combat esthétique.

La reliure signée Lortic, relieur attitré de Baudelaire, renforce encore cette filiation intellectuelle et amicale.

Bel exemplaire avec d’illustres provenances.

Provenance: Charles Asselineau (1820-1874) ex-libris au contre-plat supérieur – Jacques Guérin (1902-2000) n°16 de sa vente IV en 1986 – Bernard Malle (1929-2008) cachet discret sur la garde inférieure.