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DUPONT DE NEMOURS Pierre-Samuel Éphémérides du Citoyen. [Puis :] Les Nouvelles éphémérides du citoyen.

VENDU

Paris, 1765-1776

48 volumes in-12, et 2 volumes de facsimilé (180 x 105 mm) en reliure non-uniforme (veau de l’époque, demi-veau moderne, et broché).

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La première revue économique annonçant la découverte de la science de l’économie politique

INED, 1737; Coleman, Earl E. (1962) ‘Éphémérides du Citoyen, 1767-1772’. Papers of the Bibliographical Society of America, Vol. 56, First Quarter; Bernard Herencia (editor) Les Éphémérides du citoyen et les Nouvelles Éphémérides économiques 1765-1788 (Centre International d’Études du XVIIIe Siècle, Ferney Voltaire, 2014); Théré, Christine, Loic Charles and Jean-Claude Perrot, François Quesnay Oeuvres économiques completes et autres textes. (INED, Paris, 2005); Zaperri, Roberto ‘For a new edition of the writings of François Quesnay. Bibliographical revisions and additions’, Political economy, studies in the surplus approach (1988) ; Sgard, Dictionnaire des Journaux, I, no. 377.

CARACTÉRISTIQUES :
(1) Une série presque complète du journal ; complète pour la période de 1765 à 1772 ; il ne manque que deux numéros pour la période de 1774-1776 (ajoutés en facsimilé).
(2) Contient le prospectus exceptionnellement rare de 1774. 
(3) Contient le très rare Supplément spécial au onzième tome des Ephémérides du Citoyen pour l’année 1768 ou Examen de l’Examen du livre intitulé principes sur la liberté du commerce des grains.
(4) Contient la première édition des Réflexions sur la formation et la distribution des richesses de Turgot en tomes 11, 12 (1769) et tome 1 (1770).
(5) Contient la première édition du Despotisme de la Chine de Quesnay, tomes III, IV, V (1767).
(6) Contient la première analyse de l’économie de la traite des esclaves dans Lettre d’un voyageur à l’auteur des Ephémérides au sujet des observations sur l’esclavage des Nègres, insérée dans le sixième volume de l’année 1771. 
(7) Contient l’ouvrage exceptionnellement rare de François Vauvilliers, Lettre d’un gentilhomme des états de Languedoc à un magistrat du Parlement de Rouen sur le commerce des bleds, des farines et du pain (1768). pp. 47 qui est relié dans le tome XII, 1768 des Éphémérides.

“En un mot, être le véritable ami des hommes : c’est toute la philosophie morale et toute l’économie politique” (Baudeau : Éphémérides 1771, troisième volume, p. 109).

Les Éphémérides du citoyen constituent le premier et le plus remarquable périodique économique du XVIIIe siècle.

Le journal témoigne de l’incroyable enthousiasme des “économistes”, comme on les appelait, lorsqu’ils ont découvert la science de l’économie politique (“the science of political economy”). Un groupe d’intellectuels français rationalisait de manière scientifique la façon dont les marchés fonctionnaient pour générer non seulement de la production, mais aussi de la croissance économique. Ils sont à l’aube d’une découverte majeure et ils le savent. Ils disposaient d’un nouveau sujet qui pouvait être utilisé pour améliorer le sort de l’humanité. L’examen du flux continu d’articles et d’observations imprimés dans les Ephémérides entre 1765 et 1776 permet d’identifier certains des éléments clés du développement de l’économie en tant que science.

Accompagnant l’évolution du mouvement des Lumières, nombre de ces écrivains avaient commencé à publier dans l’Encyclopédie, notamment Quesnay, puis dans leurs propres livres et pamphlets. Les économistes souhaitaient aller plus loin et produire un journal dans lequel ils débattraient publiquement et promouvaient leurs idées sous forme imprimée. L’enthousiasme du groupe d’écrivains dirigé par les éditeurs, l’abbé Baudeau et Du Pont de Nemours, soutenus en arrière-plan par les poids lourds intellectuels, Quesnay et Turgot, est palpable à la lecture de la revue.

Aidés par le marquis de Mirabeau, ils souhaitaient sensibiliser le public français à cette nouvelle science de l’économie politique qui, selon eux, permettait à la France et à d’autres pays de passer d’une approche à somme nulle de l’activité économique à une approche qui montrait comment la croissance, stimulée par l’investissement dans l’agriculture, pouvait transformer non seulement la société économique, mais aussi la structure politique.

En 1776, ils pensaient avoir identifié l’approche fondamentale de l’économie politique impliquant un maître, Quesnay, une doctrine élaborée dans la Philosophie rurale et l’Analyse économique, une formule, à savoir la Physiocratie, et un appareil technique incarné par le Tableau économique : ‘Les vrais Economistes sont faciles à caractériser par un seul trait que tout le monde peut saisir. Ils reconnoissent (1) un maître [Le Docteur Quesnay], (2) une doctrine [Celle de la Philosophie Rurale & de l’Analyse économique], (3) une formule [La Physiocratie], (4) des termes techniques, précisément comme les antiques Lettres de la Chine [Le Tableau économique] (Nouvelles Éphémérides 1776, tome quatrième, p.111).

Les Éphémérides publient des articles et des commentaires des principaux économistes de l’époque : Abeille, Baudeau, Butré, Carl Friedrich de Bade, Du Pont de Nemours, Franklin, Le Trosne, Lemercier de la Rivière, Mirabeau, Morellet, Pierre Poivre, Quesnay, Roubaud, Jean Nicolas Guérineau de Saint-Péravy, Turgot, Vauguyon, Jean-François de Vauvilliers.

Les Éphémérides contiennent la première édition des Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, par Mr. ‘X’ [Turgot] dans les volumes 11 et 12 de 1769 et le volume 1 de 1770 (dans notre exemplaire, une annotation manuscrite contemporaine sur la première page du texte des Réflexions, page 14 du volume 11 de 1769, indique “Je présume que ce morceau est de M.Turgot” !).

Les économistes ont compris qu’ils devaient regarder au-delà des frontières françaises pour connaître les meilleures pratiques en vigueur dans d’autres pays. C’est pourquoi de nombreux numéros de la revue sont consacrés à la Chine, au Japon, à l’Amérique, où les colons cherchaient des structures politiques appropriées pour mettre en place un gouvernement fédéral, ainsi qu’à un large éventail de pays européens.

Le journal, édité à différentes époques par le rédacteur fondateur, l’abbé Baudeau (de novembre 1765 à avril 1768 ; de 1774 à juin 1776) et Du Pont de Nemours (de mai 1768 à mars 1772), a été pendant de nombreuses années le journal des physiocrates français.

Les Éphémérides ont paru sous différents titres : 
Éphémérides du Citoyen ou Chronique de l’esprit national, novembre 1765-31 octobre 1766. Publié pour la première fois en novembre 1765 sous la direction éditoriale de l’abbé Nicolas Baudeau. Entre le 4 novembre 1765 et le 31 octobre 1766.  104 numéros de 16 pages chacun ont été publiés.
Éphémérides du Citoyen. Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques janvier 1767-avril 1768. Il y a 16 volumes publiés sous la direction éditoriale de l’abbé Nicolas Baudeau. Le journal est publié sur une base mensuelle.
Éphémérides du Citoyen. Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques mai 1768-mars 1772, 47 volumes plus deux suppléments. Publié sous la direction éditoriale de Du Pont de Nemours. Chaque volume comprend entre 213 et 292 pages.
Nouvelles Éphémérides du Citoyen. Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques 1774 à juin 1776. Publié à nouveau sous la direction éditoriale de Nicolas Baudeau 19 volumes incorporant 120-252 pages. C’est Turgot qui est à l’origine de la reprise du journal à cette époque.

LA COLLECTION

Éphémérides du Citoyen 1765 Tomes I & II – 4, Nov. 1765 – 30 Décemb. 1765 ; Pp. iv, 272, ii ; 3 Janv. 1766 – 28 Févr. 1766. Pp. iv, 272, ii.
Reliure en veau de l’époque avec quelques travaux de ver au bas de la couverture et en haut du dos ainsi que de trous occasionnels dans le texte.
Éphémérides du Citoyen 1766 Tomes III et IV – 3, Mars, 1766 -28, Avril, 1766. Pp. iv,272, ii ; 2 Mai, 1766 – 30,Juin 1766, iv,288, ii.
Reliure en veau de l’époque, petit trou dans le cuir du dos de la couverture. Quelques petits travaux de ver en haut du texte dans les cahiers entre D iii et H.
Éphémérides du Citoyen 1766 Tomes V et VI – Juillet 4, 1766-29 Aout 1766 ; Septembre 1, 1766-31 Octobre 1766. iv, ii, 256 ; iv, 288, ii. Veau de l’époque.
Les Éphémérides du Citoyen 1765-66 sont complètes dans une reliure en veau uniforme.

Les Éphémérides réapparaissent sous une nouvelle forme, les Éphémérides du Citoyen. Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques en janvier 1767. Le journal est à nouveau édité par l’abbé Nicolas Baudeau, mais il paraît désormais sur une base mensuelle entre janvier 1767 et avril 1768. Les 16 volumes mensuels du journal dans ce format, comprenant entre 200 et 244 pages pour chaque volume, sont reliés en huit volumes dans cette collection. Sept des volumes ont la même reliure en veau uniforme que les volumes de 1765-66. L’exception est le volume reliant les tomes 1 et 2 des éditions mensuelles de 1768 qui est dans une reliure en veau de l’époque  contemporaine avec un léger dommage à la couverture avant. Il y a également un trou de ver sur les pages supérieures, qui n’affecte pas le texte, pour les premières pages de l’édition de janvier 1768. Dans le tome 1 de 1768, il manque quatre pages (pp. 237-240) contenant la table des matières. Hormis ces défauts, les huit tomes reliés de la collection de janvier 1767 à avril 1768 correspondent exactement aux volumes examinés par Herencia, pp. 18-53.

Éphémérides du Citoyen. Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques mai 1768-mars 1772, 47 tomes plus deux suppléments. Pour cette période, le journal change de rédacteur en chef, Du Pont de Nemours remplaçant l’abbé Nicolas Baudeau, changement qui sera porté à la connaissance des lecteurs dans le volume xii des Éphémérides de 1768 (p. 214).
La collection est complète pour cette période. Elle comprend dans le tome 11, 1768 le rarissime supplément, Supplement au onzieme tome des Ephemerides du Citoyen pour l’année 1768, ou Examen de l’Examen du livre intitulé Principes sur la liberté du commerce des grains – l’auteur de ce livre a été récemment identifié comme étant Paul François de Quelen de la Vauguyon, duc de Saint-Mégrin. La pagination de ce supplément suit celle décrite dans Herencia (p.67) à une seule exception près : la pagination des pages 23-25.  
Pagination de Herencia [IV-(1-2) – (75-94) – (23-25) – (97-120) – (49-50) – (123-142)
Pagination de la collection [IV-(1-2) – (75-94) – (23-24) – (97-120) – (49-50) – (123-142)
Lors d’une discussion avec Bernard Herencia, celui-ci a admis qu’il s’était trompé dans la pagination et qu’il fallait lire 23-24 au lieu de 23-25.  
La pagination irrégulière du Supplément suggère qu’il a été inséré à la hâte dans les Éphémérides. Plus de la moitié des exemplaires des Éphémérides ne comportaient pas ce supplément. Dans une lettre adressée à Du Pont le 2 décembre 1768, Turgot note que le Supplément ne figure pas dans l’exemplaire des Éphémérides qu’il a reçu :
J’ai reçu le tome XI des Éphémérides et j’ai vu avec grand plaisir qu’on n’y avait pas mis l’Examen de l’examen… (Voir Oeuvres de Turgot, édité par Gustav Schelle, Paris, 1919, vol. 3, p.20).

Le tome XII 1768 de cette collection correspond exactement à Herencia (pp. 67-71). Exceptionnellement, il comprend aussi un autre ouvrage Lettre d’un gentilhomme des états de Languedoc a un magistrat du Parlement de Rouen sur le commerce des bleds, des farines et du pain, 1768. pp. 47. Cet ouvrage a été rédigé par Jean François Vauvilliers, helléniste, qui s’occupera plus tard de nourrir les Parisiens entre 1789 et 1791. Du Pont, un mois plus tôt dans les Éphémérides, avait écrit que cette Lettre avait fait une très grande sensation (tome XI, Éphémérides, 1768 : 162). Coleman, citant à la fois Quérard et Austin dans son commentaire sur les “Éphémérides du Citoyen 1767-1772”, remarque que cet ouvrage est d’une extrême rareté. Aucun exemplaire n’a été trouvé dans la bibliothèque de Du Pont, ni dans la Kress Library de Harvard – voir Coleman, p. 30.

Il existe deux versions des tomes XI et XII dans cette collection. Les deux premières versions sont dans la même reliure de veau que les tomes précédents ; les deux autres versions, dans une reliure de veau différente, incorporent la Lettre d’un gentilhomme… de Vauvilliers dans le tome XI et le supplément Examen de l’Examen… dans le tome XII.

Les Réflexions sur la formation et la distribution des richesses de Turgot ont été publiées pour la première fois dans trois numéros successifs des Ephémérides, le tome XI, 1769, le tome 12, 1769 et le tome I, 1770. Dans notre collection, le tome XI est dans une modeste reliure en demi-veau, mais la qualité du matériel de ce tome compense largement l’état de la reliure. Il contient deux autres ouvrages : Experiences et Reflexions Relatives au Traité de la Culture des Terres, publié en 1750 par M. Duhamel du Monceau (Paris, 1751), pp. xxij. Cet ouvrage est inséré en tête du volume. Le second, inséré à la fin du volume, est l’Avis au peuple sur son premier besoin ou petits traités économiques de Baudeau. Second traité Sur la Mouture des Grains, & sur le Commerce des Farines (Amsterdam, 1768), pp. 69.

Ce volume contient en particulier de nombreux commentaires manuscrits fascinants, des élaborations du texte écrit et des corrections textuelles. Le propriétaire de ce volume semble avoir été un “économiste”, car il est capable de distinguer les écrivains grâce aux lettres alphabétiques figurant sur les articles de ce tome. A la page 7, il identifie M. B, auteur du Fragment d’une lettre écrite de Marseille, à M. Le Comte de L.V. par M. B, comme étant Mirabeau ; à la page 99, il identifie encore M. B comme étant Mirabeau. Il identifie ensuite M. A. à la page 85 comme étant “Quesnai”. Sur la première page des Réflexions sur la formation et la distribution des richesses par M. X, il écrit “je présume que ce morceau est de M. Turgot”.

À la page 197, il identifie l’abbé Gagliani comme l’auteur du Dialogue sur le commerce des Bleds. Sur la page de titre de l’Expérience et Réflexions Relatives au Traité de la Culture des Terres, il évoque Voltaire et Tull et fait référence à Smith, Arthur Young et à la Philosophie Rurale de Mirabeau. Aux pages 230 et 231, dans son commentaire sur les Dialogues sur le commerce des bleds, le propriétaire du tome évoque avec force détails annotés le prix du blé et ses divergences avec M. du Pont sur cette question. Toutes ces identifications d’auteurs suggèrent que l’auteur était un membre du cercle des économistes. A la fin de la troisième partie des Réflexions de Turgot publiées dans le tome 1 des Éphémérides 1770, à la page 173, la dernière ligne de la page en petits caractères indique “Novembre 1766”, ce qui signifie que Turgot avait terminé son travail à cette date.

Quelques défauts mineurs – Il y a une déchirure sur la page de titre des Éphémérides 1770 tome 6. Elle n’affecte pas le texte. Double insertion des pp. 187-188 dans Éphémérides 1771, tome 4. Les Éphémérides 1771, tomes 9 & 10 (jusqu’à la page 25) ont un petit trou de ver en bas de page qui n’affecte pas le texte.

Nouvelles Éphémérides 1774-1776

La collection est complétée par les Nouvelles Ephémérides Economiques ou Bibliotheque Raisonnée de la Morale et de la Politique publiées entre 1774 et juin 1776. La nomination de Turgot comme contrôleur général des finances en 1774 redonne espoir aux économistes et, vers la fin de cette année-là, Baudeau juge opportun de reprendre la publication des Éphémérides. Pour séduire les lecteurs potentiels, un prospectus spécial, commençant par l’article de Quesnay Maximes générales du Gouvernement économique d’un Royaume Agricole, fut publié en 1774. Ce prospectus dans son emballage d’origine, avec la plupart des pages non coupées, est d’une grande rareté.

Les Nouvelles Éphémérides de 1775 contiennent les douze tomes dans une reliure en veau uniforme (6 volumes).  Pour le tome 3 des Nouvelles Éphémérides 1775, la page de titre en haut à droite est légèrement abîmée sans perte de texte. Il y a une très légère vermoulure en bas de page, n’affectant pas le texte, des pages 215-224, continuant dans le tome 4, jusqu’à la p. 5.
Les Nouvelles Éphémérides de 1776 manquent les tomes 3 et 5. Les tomes 1 et 2 sont dans une reliure en demi-veau ; le tome 4 est dépourvu de sa couverture d’origine, avec quelques dommages à la page de titre et à l’avis ; le tome 6 est dans ses enveloppes d’origine.

Évaluation globale

La collection est presque complète et a été entièrement collationnée avec Herencia (2014). Elle contient tous les numéros mensuels de 1776 sauf deux (numéros 3 et 5) – des fac-similés de ces deux numéros se trouvent dans la collection. La collection ne contient pas les Nouvelles Éphémérides économiques 1787-1788, éditées par l’abbé Baudeau, que de nombreux collectionneurs ne considèrent pas comme la série principale des Éphémérides parce qu’elles ont été publiées après la disparition des Physiocrates.

La collection contient exceptionnellement le prospectus de la nouvelle série des Nouvelles Éphémérides – Nouvelles Éphémérides économiques ou Bibliothèque raisonnée de l’histoire, de la morale et de la politique (Paris, Didot, 1774), un ouvrage absent de la plupart des collections d’Éphémérides existantes. A la page viii, Baudeau, l’éditeur, annonce : “Ce petit Volume extraordinaire est pour annonce, et se donne gratis aux Souscripteurs”.

Il contient également le Supplément au volume XI pour l’année 1768. Une fois de plus, ce numéro est absent de la plupart des collections existantes des Éphémérides. Ce volume est d’une importance considérable parce qu’il contient l’article Examen de l’Examen des Principes sur la liberté du Commerce. Cet article attribué à ‘N’ a fait l’objet d’un vaste débat quant à sa paternité. Certains soutiennent que l’auteur est Quesnay – voir Zapieri (1988) et d’autres, Théré, Charles et Perrot (2005), soutiennent que l’auteur est Abeille. Herencia (2014 : xxi-ii) est favorable à l’idée que Quesnay, plutôt qu’Abeille, a écrit cet article. Comme indiqué ci-dessus, l’auteur est aujourd’hui reconnu comme étant Vauguyon. Contrairement à de nombreuses séries, cette collection commence par les rarissimes premiers numéros originaux des Éphémérides du citoyen, du 4 novembre 1765 au 31 octobre 1766. Cela correspond exactement à Herencia (2014), pp 1-17. Dans ces numéros, on trouve d’importantes contributions de l’éditeur, Nicolas Baudeau, sur le développement des colonies françaises en Amérique du Nord. Il est très critique à l’égard de la possession française au Canada : 

Rien n’a été plus inutile, plus encombrant et plus dispendieux pour l’État que les établissements du Canada […] l’inutilité résulte de la nature même du climat et de ses denrées qui sont identiques à celles du Nord de la France (Ephémérides, 7 juillet 1766, p. 17 “Des colonies françoises aux Indes occidentales”).

En revanche, comme le note Alain Clément (2015), il se montre très enthousiaste quant à l’avenir de la Louisiane en faisant des parallèles entre cette colonie et la France :

Nous ne sommes pas injustes au point d’inclure dans ce même blâme la colonie de la Louisiane, qui fut bien plus profitable, bien moins difficile et bien moins ruineuse pour les caisses de l’Etat. L’utilité de cette autre colonie tenait à la nature de son sol et aux types de denrées qui s’y trouvaient ; tous les objets qui rendent nos îles de l’archipel américain si précieuses se trouvent à l’embouchure du Mississippi et de ses fleuves et affluents voisins. Le coton, le sucre, le tabac, le cacao, la soie et l’indigo étaient présents en abondance pour la cueillette (Ephémérides, July 14, 1766, p. 21 ‘Des colonies françoises aux Indes occidentales’).

Baudeau exprime dans les Ephémérides le souhait que la France investisse plutôt que de piller les colonies d’outre-mer comme la Louisiane. D’autres physiocrates comme Quesnay et Mirabeau sont ad idem avec Baudeau sur cette question de la valeur de la Louisiane.

Rareté

Coleman a localisé 6 séries institutionnelles dans le monde (mais couvrant seulement les années 1767-1772) :
1.    Eleutherian Mills Historical Library (collection personnelle de Dupont de Nemours).
2.    Bibliothèque de l’Université Johns Hopkins
3.    Bibliothèque de l’université de Yale
4.    Bibliothèque de l’Institut de France
5.    Bibliothèque nationale, France
6.    Bibliothèque Sainte Geneviève

La plupart des volumes sont en veau de l’époque et quelques-uns sont dans leur brochage d’origine.

DEUX PIÈCES AUTOGRAPHES DE DUPONT DE NEMOURS

Cette remarquable collection est complétée par deux notes autographes de Dupont de Nemours.

La première est un bulletin de souscription, partiellement imprimé, invitant les souscripteurs à continuer à soutenir la publication des Éphémérides. Il est signé par Dupont, qui y a ajouté la mention : autheur des Éphémérides. Cette note est d’autant plus importante que les Éphémérides ont été publiées anonymement.

La seconde pièce est une lettre, écrite par Dupont à bord d’un navire, l’Aigle Américain. Elle est signée de ses initiales et datée du 10 [vendémiaire] An 6. Cette date du calendrier républicain ou révolutionnaire correspond au 1er octobre 1797. Il s’agit vraisemblablement de sa dernière note écrite sur le vieux continent, avant qu’il ne s’enfuie aux États-Unis après avoir été inscrit sur la liste des indésirables à la suite du coup d’État du 18 fructidor an V (=4 septembre 1797). Le navire attendait des vents favorables pour partir de l’île de Ré. Dupont de Nemours s’installe ensuite dans le New Jersey où il devient professeur de physique et d’histoire naturelle.

“Nicolas Baudeau est de ces personnages qui ont joué un rôle essentiel dans le développement de la science économique et dont le nom n’est plus guère connu. Né à Amboise en avril 1730 dans une famille d’artisans, il est repéré par le curé de sa paroisse qui lui donne une éducation soignée et l’oriente vers les ordres. Devenu chanoine, il rejoint une abbaye du Périgord. Il y croise Henri Bertin, un haut fonctionnaire qui est nommé contrôleur général des finances en 1759, en pleine guerre de Sept Ans. En 1763, après la défaite, Baudeau écrit à Bertin pour lui suggérer quelques réformes qui, selon lui, permettraient de rétablir la situation économique du pays et la situation financière de l’État. La réponse polie mais vague de Bertin convainc Baudeau que l’esprit de réforme ne s’imposera que si l’opinion publique le soutient. Pour alerter cette dernière, il imagine de créer un journal consacré quasi exclusivement à cette science nouvelle qu’est l’économie.

Le 4 novembre 1765, il fait donc paraître le premier numéro d’une publication “grand public” adressée à l’ensemble de la population éduquée, dont le but est de diffuser largement une analyse axée sur l’économie de l’état du pays. Le titre est Les Éphémérides du citoyen ; la périodicité est de deux exemplaires par semaine ; l’essentiel du contenu est de la plume de Nicolas Baudeau. Le succès est immédiat et fait entrer Baudeau dans le cercle des intellectuels en vue de son époque.

En 1766, séduit par les thèses favorables à l’agriculture et à la concurrence des physiocrates qui entourent François Quesnay, il fait des Éphémérides du citoyen le porte-parole du mouvement. La publication s’étoffe et devient mensuelle. En 1768, Pierre Samuel Dupont de Nemours en prend la direction. Le journal se montre de plus en plus critique à l’égard du gouvernement et est interdit en novembre 1772. En 1774, l’arrivée au pouvoir de Turgot permet à Baudeau de relancer le journal sous le titre des Nouvelles éphémérides économiques. Le renvoi de Turgot en 1776 signe la fin de la parution de ce qui est considéré aujourd’hui comme un des éléments clé du succès intellectuel des physiocrates. En 1788, Baudeau tente une dernière fois de faire vivre les Éphémérides mais l’argent et les soutiens lui manquent. Il se suicide en 1792, déjà oublié” (Jean-Marc Daniel, in : Le Nouvel économiste, 03.11.2021).

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