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JANIN Jules L’Âne mort.

VENDU

Paris, Ernest Bourdin, 1842

In-8 (261 x 168 mm) de 2 ff.n.ch., XVI, 306 pp., 1 f.n.ch. Veau cerise, triple filet doré en encadrement des plats, dos à nerfs orné, roulette intérieure, gardes et doublure de papier peigne, tranches dorées (Petit succr. de Simier).

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3500,00 

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Exemplaire avec envoi autographe

Clouzot, 137 ; Carteret, III, 314 ; Vicaire, IV, 520.

Première édition illustrée, publiée en 33 livraisons. Elle est ornée du portrait de l'auteur gravé sur acier par Revel, de 12 planches hors texte de Tony Johannot gravées sur bois par Hébert, J. Thompson, Lavieille, imprimées sur fond teinté, ainsi que de 100 vignettes sur bois dans le texte.

Exemplaire exceptionnel, avec envoi autographe de Jules Janin au faux-titre "à mon cher ami L. Grangier de la Marinière. Son ami J.Janin".

"Louis René Antoine Grangier de la Marinière (1814-1882) fut député sous Louis-Philippe. Nommé, en 1840, attaché d'ambassade à Madrid par M. Thiers, il suivit la fortune politique de ce dernier, donna sa démission à l'avènement du ministre Guizot, collabora à divers journaux, et publia, notamment dans le Constitutionnel, une série de Lettre remarquées sur les élections anglaises" (A. Robert & G. Cougny, Dictionnaire des parlementaire français de 1789 à 1889).

Il est aussi bibliophile et inscrit comme collaborateur du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire de Techener, il y est décrit comme un « grand amateur » assistant aux différentes ventes de bibliothèques. (Bulletin du Bibliophile, 1861, vol.26, p.127)

Avec l’Âne mort Janin s’essaie à la veine gothique du roman noir en tombant souvent et délibérément dans la parodie. L’œuvre dépeint la descente aux enfers d’Henriette une jeune femme de province monté à Paris pour faire fortune mais qui ne rencontre que la misère. Le roman devient alors une suite de décapitations macabres et de scènes d’horreur.

L'un des passages les plus macabres est sans doute situé au chapitre V intitulé "La soirée médicale". Il présente la pseudo-résurrection d'un noyé au milieu d'un salon parisien. Johannot réussit à montrer toute l'horreur de cette vision, en présentant en pleine lumière ce ce moribond au regard vide paré d'un suaire. L’artiste n'oublie pas le détail de sa jambe arrachée soigneusement disposée dans l'ombre de la table. La foule de spectateurs, qui l'enserre et l'observe, renforce l'impression de pesanteur et de malaise inhérente au passage.

Dans beaucoup de ses productions Janin se fait littérateur, aimant jouer avec les règles des genres littéraires. L’Âne Mort n’échappe pas à la règle, Janin a recours à un certain nombre de lieux-commun du roman noir, mais il parodie également le Dernier Jour d’un condamné de Victor Hugo à qui il emprunte le titre de son pamphlet pour le chapitre XXV de son roman. Si l’intention d’Hugo est clair, celle de produire un texte contre la peine de mort, la motivation de Janin est tout autre. Ce dernier n’aime pas réellement la production de son confrère dont il a déjà fait le compte-rendu amer le 3 février 1829 dans La Quotidienne ("C’est à en devenir fou […] une agonie de trois cents pages"). Comme pour ses Contes fantastiques qui n’ont, d’après l’auteur lui-même, de fantastiques que le nom, le but est simplement de faire appel à une lignée littéraire pouvant rejaillir sur son œuvre.

Il s’agit aussi d’un exercice d’écriture pour l’auteur qui retravaille sans cesse son roman jusqu’en 1865, ultime publication faite du vivant de Janin. Il s’agit alors de la 7e édition, dans laquelle le sous-titre disparait. Dans cette dernière préface aux allures rétrospectives, Janin admet aimer ce roman « comme son premier-né ».

Très bon exemplaire, planches légèrement jaunies.

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