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In-4 (245 x 182 mm) 8 ff.n.ch., XXXVIII pp., 1 f.n.ch. (avec une citation de Quintilien au verso), 845pp., 14 ff.n.ch. (tables en latin, en italien, et en espagnol, privilège et errata). Maroquin rouge, encadrement doré à la Duseuil sur les plats, dos à nerfs richement orné, roulette dorée sur les coupes et à l’intérieur, tranches dorées sur marbrure (reliure de l’époque).
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Brunet, III, 1615 ; Tchemerzine-Scheler, IV, 667 (« il existe des exemplaires en grand papier »).
Édition originale du premier grand dictionnaire étymologique de la langue française. Exceptionnel exemplaire imprimé sur grand papier et relié en maroquin rouge par Augustin Duseuil.
Ecrivain, pamphlétaire et grammairien, Gilles Ménage, né à Angers en 1613, est originaire d’une famille de juristes. Après avoir fait son droit contre son gré, sa vocation étant la littérature, il abandonna rapidement le barreau pour se consacrer à sa passion.
Attestant d’une connaissance parfaite de la langue française et brillant en société où il aimait à citer des vers grecs, latins, italiens, il entra rapidement dans l’entourage de Jean-François de Gondi, le futur cardinal de Retz, qui le prit sous sa protection.
Nanti d’un tempérament contestateur, Ménage fut bientôt connu pour se fâcher avec la moitié des personnalités de son temps, se brouillant même avec son protecteur et quittant avec éclat la maison du cardinal de Retz.
Multipliant les écrits satyriques qui l’opposaient à ses confrères, Ménage était un critique mordant et un véritable censeur de la langue littéraire. Il polémiqua avec Vaugelas, se mit à dos Boileau et en 1672 Molière le livra au ridicule avec le personnage de « Vadius », le poseur suffisant des Femmes Savantes.
Mais Ménage applaudit pourtant à la pièce car sa vanité n’enlevait rien à son intelligence.
Jusqu’à sa mort Ménage tint salon, accueillant chez lui la fine fleur des lettres de son temps et son influence fit progresser la langue française.
Les Origines de la langue françoise reste son vrai titre de gloire. Ménage s’y montre comme l’un des promoteurs de la philologie comparée et ce livre, riche de divers états du latin, de mots très anciens, de termes provinciaux et de différentes langues romanes est une tentative faite en faveur de l’étymologie de la langue française et peut être considéré comme le premier grand dictionnaire français sur le sujet.
L’ouvrage est dédié par Ménage à son ami Pierre Dupuy
Pierre Dupuy et son jeune frère Jacques étaient proches du grand bibliophile Jacques-Auguste de Thou. Après la mort de ce dernier, Pierre devint administrateur de la fameuse bibliothèque et il vint résider avec Jacques dans l’hôtel du Président. Ils y installèrent leurs propres livres et y animèrent ce qu’on a appelé l’Académie des frères Dupuy ou Cabinet des frères Dupuy qui devint une institution parisienne connue de toute l’Europe savante et où l’on pouvait croiser Peiresc, Gassendi, Mersenne, Boulliau, Campanella, La Mothe Le Vayer, Guez de Balzac, Gilles Ménage, Gabriel Naudé, Grotius… Dans sa louangeuse dédicace Ménage témoigne de sa reconnaissance à son ami : « … Depuis vingt ans que vous m’honoré de votre amitié… Vous m’avez communiqué les livres de votre bibliothèque, qui est une des plus curieuses de toute l’Europe. Vous m’avez ouvert votre Cabinet, qui est un trésor de notre Histoire. C’est par votre moyen que j’ai connu tant d’excellents hommes qui s’assemblent tous les jours chez vous pour jouir de votre conversation et de celle de Monsieur votre frère… ».
En 1645 devenu Garde de la bibliothèque du roi, Pierre et son frère quittèrent l’hôtel de Thou pour s’installer rue de la Harpe, dans une maison où étaient entreposés les livres du roi. Ils y transportèrent leur bibliothèque personnelle et continuèrent d’y tenir leur « cabinet » avec succès. Ayant décidé de léguer à la Bibliothèque du Roi, leur collection qui contenait plus de 9000 volumes imprimés, c’est Jacques, le survivant, qui réalisa le souhait des deux frères.
« Le legs de Jacques Dupuy permit un accroissement sans précédent du fonds des livres imprimés de la Bibliothèque du Roi : le catalogue que les frères Dupuy en avaient établi en prenant leurs fonctions de gardes en 1645 en recensait moins de 1500, tandis que douze ans plus tard l’arrivée de leur propre bibliothèque en apportait tout à coup plus de 9000. Une telle multiplication permettait enfin à la Bibliothèque royale d’accéder au nombre des grandes bibliothèques européennes de livres imprimés et de compter parmi celles qui s’illustraient, entre autres choses, par la modernité de leur fonds : car les frères Dupuy ont toujours porté une attention particulière au mouvement scientifique et philosophique de leur temps ainsi qu’aux questions politiques, et leur bibliothèque reflète à cet égard, tant par l’achat de livres nouveaux que par la constitution de recueils sur les affaires du temps, les intérêts et curiosités qu’atteste par ailleurs leur très abondante correspondance » (Jean Marc Chatelain).
Magnifique exemplaire, imprimé sur grand papier, réglé et remarquablement relié à l’époque en maroquin rouge par le célèbre relieur Augustin Duseuil.
Il provient de la Bibliothèque du bibliophile suisse réputé François-Pierre-Louis d’Estavayer (1681-1736) dont il porte deux ex-libris gravés. Seigneur de Mollondin, membre du Grand Conseil de Soleure, chevalier de St-Louis François-Pierre d’Estavayer connu sous le nom de « Chevalier de Mollondin» se distingua dans différentes campagnes de la fin du règne de Louis XIV. Il mourut célibataire, à Soleure, le 28 janvier 1736. Son importante bibliothèque fut dispersée en 1872 (Eric-André Klauser. Jacques d’Estavayer-Mollondin in : Dictionnaire historique de la Suisse (DHS). Vevey ; (Hubert de). Les ex-libris Fribourgeois, n°47).
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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