HORST Jakob De Aureo dente maxillari pueri Silesii.

VD-16, H 5006 & 5015 ; Poletti, p. 105 ; Weinberger, 68 (seulement la première partie jusqu’à la page 156) ; Hirsch-Hübotter, III, 303 ; Waller, 10644 ; Parkinson, 1315 ; voir Blake, 2460, et Wellcome, I, 176 (les deux seulement pour le tirage 1596). Manque à David.

Édition originale. Rarissime tirage à la date de 1595.

Jacob Horst (1537-1600) suivit d’abord des cours de latin dans sa ville natale de Torgau avant de s’inscrire à l’université de Wittenberg en 1552 pour suivre des cours de philosophie. Il continua son éducation à l’université de Frankfurt/Oder par des études de médecine d’où il sortit en 1562 comme docteur en médecine. Après avoir exercé le métier de médecin, il devint professeur de médecine à partir de 1584.

En 1593, en Silésie, huit jours avant Pâques, une fillette découvre dans la bouche de son camarade, une molaire qui brille comme de l’or. La nouvelle parvient très vite aux oreilles des médecins iatrochimiques, astrologues qui s’interrogent sur la nature de ce prodige, fait réel ou miraculeux? Tous veulent l’examiner, et l’enfant court de foire en foire pour monnayer l’ouverture de sa bouche. Mais c’est la crédulité de ceux qui ont attribué à cette dent d’or le caractère d’oracle qui en a fait une véritable histoire.

Ce traité est divisé en deux parties dont la première est l’un des premiers traité consacré l’art dentaire. Horst tente de résoudre le mystère de cette dent en or qui aurait, selon la rumeur, poussée dans la bouche d’un enfant âgé de sept ans, à l’emplacement de la première grande molaire sur la gauche de la mâchoire inférieure. Il attribue ce phénomène à des causes surnaturelles, et dit qu’il est le signe précurseur de l’avènement de l’âge d’or, le dernier âge de ce monde avant le jugement universel.

Dans un ouvrage paru quelques années plus tard, Jacob Frank résume cette observation clinique dans un texte en langue vernaculaire de six pages, intitulé L’histoire merveilleuse d’une dent d’or.

« Chrestofle Molec […], estant en l’âge de sept ans qu’on tient pour année critique, perdit ses dents & en la place d’icelles luy en vint entre autres en la maschoire d’en bas du costé gauche une d’or, de la grandeur, forme & proportion des autres. En fin en l’an 1594, au mois de Septembre je la veis aussi, et l’ayant bien consideree & tastee, je l’esprouvay à la pierre de touche. Tout incontinent que le garçon ouvrit la bouche, je veis reluyre la dent, la maniay, la trouvay ronde, & par haut trenchante ayant quatre pointes, & au milieu un peu creuse comme les grosses dents ont accoustumé d’estre, d’une mesme grandeur ou peu plus grande que les autres & en ordre toute la dernière.  Elle tenoit fort & ferme, la gencive autour vermeille & belle. Je ne me contentay de tout cela, mais feis manger l’enfant, & comme il mangeait le mieux, pour scavoir s’il se servait de ladite dent comme les autres, je trouvay encor la chair tenir à la dent & luy ayant faict laver la bouche avec de l’eau, je touchay la dent de la pierre de touche et trouvay que c’estoit de l’or du Rhin & encor un peu meilleur. J’ay aussi apperceu le garçon estre de chaude & seiche complexion & de fort bon entendement. »

L’histoire de la dent d’or devint progressivement un exemple philosophique mettant en garde contre les artifices dont usent les religions, essentiellement connue par l’Histoire des oracles (1683) de Fontenelle (1657-1757). La littérature odontologique s’est intéressée tardivement à cette histoire, bien que la réalisation d’une probable couronne dentaire en or fût un exploit à la fin du XVIe siècle.

Le texte est suivi par un des premiers traités du somnambulisme et ses causes, publié pour la première fois chez le même éditeur en 1593.

« Horst hat sich ein unverdientes Andenken in der Geschichte der Medizin durch seine Schrift ‘De aureo dente‘ gesichert » [Horst s’est assuré un souvenir immérité dans l’histoire de la médecine grâce à son ouvrage ‘De aureo dente’]. (Hirsch-Hubotter).

Papier uniformément bruni. Bel exemplaire de cet ouvrage très rare.