VENDU
In-8 (226 x 146 mm) de 3 ff.n.ch. (faux-titre, titre, dédicace à Lepoitevin), 296 pp. Maroquin rouge janséniste, dos à nerfs avec titre doré, quintuple filet doré intérieurs, tranches dorées, couverture (sans dos) conservée (Chambolle-Duru).
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Vicaire, III, 728 ; Clouzot, 121 ; Carteret, I, 269 (avec citation dans son article ‘Propos Bibliophiliques’ avec reproduction de l’envoi p. 17-19) ; Talvart & Place, VI, p.7:5.
Édition originale, exemplaire offert par Flaubert à Victor Hugo.
Elle est dédiée « A la mémoire de mon ami Alfred Lepoitevin », ami d’enfance de Flaubert et oncle de Maupassant.
Magnifique envoi autographe signé sur le faux-titre à l’encre brune :
“Au Maitre des Maitres
c’est à dire a Victor Hugo
j’offre avec tremblement
La Tentation de Saint Antoine
Gve Flaubert”.
Une admiration constante et un respect mutuel.
Flaubert vouait une véritable admiration à Victor Hugo, le mot « maître » est répété dans ses envois. Ainsi Madame Bovary est offerte « Au Maitre, souvenir & hommage » (Bibliothèque Pierre Bergé, I, n° 84), Salammbô, également « Au Maître » et signé par la locution « Maximo Parvus », (« du plus petit au plus grand »).
Notre exemplaire consacre la place d’Hugo dans le cœur de Flaubert, il réaffirme sa position avec détermination. Cet envoi, plus encore que les autres, met non seulement Hugo sur un piédestal mais souligne également la position de Flaubert comme élève. Ce dernier offre son œuvre et attend avec impatience et appréhension le jugement du maître.
Celle-ci se fait peu attendre, Hugo répond le 5 avril 1874, juste après l’envoi de cet exemplaire : « Un philosophe qui est un charmeur ; vous êtes cela. Votre livre est plein comme une forêt. J’aime cette ombre et cette clarté. La haute pensée et la grande prose, ce sont les deux choses que j’aime ; je les trouve en vous. Je vous lis, et je vous relirai. » (Hugo, Œuvres Complètes, Correspondances, Tome IV, Paris, Albin Michel, 1952, p.9 )
Si Flaubert ne cesse de chercher la reconnaissance d’Hugo, ce dernier est toujours enclin à répondre à l’envoi de ces exemplaires avec douceur et considération :
A la lecture de Madame Bovary Hugo écrit : « Vous avez fait un beau livre, Monsieur, et je suis heureux de vous le dire. Il y a entre vous et moi une sorte de lien qui m’attache à vos succès. […] Madame Bovary est une œuvre […] Vous êtes, Monsieur, un des esprits conducteurs de la génération à laquelle vous appartenez. Continuez de [tenir] haut devant elle le flambeau de l’art. Je suis dans les ténèbres, mais j’ai l’amour de la lumière » (lettre, 30 août 1857).
Il réitère en 1862, à la réception de Salammbô : « Je vous remercie de m’avoir fait lire Salammbô. C’est un beau, puissant et savant livre […] Recevez donc, Monsieur, mon applaudissement, recevez-le, comme je vous l’offre, avec cordialité » (lettre du 6 décembre 1862).
L’admiration des deux hommes ne tarit pas. Flaubert lui fait envoyer son dernier ouvrage Trois Contes, avec l’envoi suivant : « à Victor Hugo, hommage de mon admiration illimitée, et de ma tendresse filiale, Gve Flaubert », (vente Sickles, I, no 71)
Cet envoi confirme ce qui se dessine dans la relation des deux hommes, une filiation littéraire voulue par Flaubert et accueillie chaleureusement par Hugo.
Provenance
Baron Henri de Rothschild (voir Carteret, exemplaire cité) – Daniel Sickles (II, 1989, n° 337) – Jaime Ortiz-Patiño (II, 1998, n° 43) – Pierre Bergé (ex-libris ; II, n° 362).
Du lundi au samedi
10h – 13h et 14h30 – 19h
(18h les lundi et samedi)
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