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3 parties en un volume in-folio (385 x 270 mm), d’un titre gravé, 3 ff.n.ch. (dédicace, privilège, épistre), 46 ff.n.ch. pour la première partie ; un titre gravé, 1 f.n.ch. (dédicace à la princesse Elizabeth, électrice palatine), 28 ff.n.ch. pour la partie II ; 19 pp., 1 f.n.ch., 1 planche dépliante gravé sur bois (Diapason) pour la partie III. Vélin ivoire (reliure de l’époque).
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Brunet, I, 1961 ; Cortot, Catalogue, p. 46 ; RISM, BV1, p. 213 ; Baillie, Clocks and Watches, p. 32, 1615 ; Mosser-Teyssot, Histoire des jardins, pp. 55-63, avec reproductions ; Chapuis-Gelis, Le Monde des automates, I, pp. 72-73 et 79-82 ; II, pp.82-85 ; Seris, Machine et communication, pp. 24-25; Martin Kemp, The Science of Art, p. 183.
Seconde édition, augmentée, du plus beau théâtre d’automates inventées aux XVIe et XVIIe siècles.
L’ouvrage a été publié pour la première fois en 1615 à Francfort par Norton. Cette seconde édition, partagée entre les libraires parisiens Jérôme Drouart et Charles Sevestre, à la mise en page plus élégante, est augmentée. L’auteur l’a complétée de dix problèmes, chacun accompagné d’une illustration.
Dès la seconde moitié du XVIe siècle se multiplient les traités d’architecture, d’art militaire et de mécanique. Les théâtres de machines décrivent d’innombrables engins, à la réalisation parfois incertaine. Ils sont le symbole de l’apparition d’un homme nouveau : l’ingénieur, à la fois homme de l’art et homme des métiers
Protestant d’origine normande, Salomon de Caus (1575-1626), à la fois théoricien, architecte paysagiste et ingénieur, mena une vie nomade. En 1595, il quitta Dieppe, sa ville natale, pour l’Italie. De 1598 à 1610, il fut ensuite au service des archiducs Albert et Isabelle à Bruxelles. Puis Jacques Ier l’appela à la cour d’Angleterre. En 1613, alors que Frédéric V (1576-1626) séjournait à Londres pour son mariage avec Élisabeth Stuart, fille de Jacques Ier, il engagea Salomon de Caus comme ingénieur et architecte paysagiste afin d’aménager les nouveaux jardins du château de Heidelberg. Mais le 28 septembre 1619, Frédéric V, qui venait d’accepter la couronne de Bohême, partit pour Prague. Son départ interrompit les travaux avant leur achèvement. Salomon de Caus gagna alors Paris pour entrer au service de Louis XIII. Le goût pour les jardins, les jeux d’eau et les automates, particulièrement vif à la Renaissance, se poursuivit par une phase de réalisations où les différents dispositifs hydrauliques se perfectionnèrent pour le plaisir des cours princières dans le but de subordonner la nature à l’art. Dans ce cadre, Salomon de Caus publia Les Raisons des forces mouvantes ; il y présente des automates de Héron d’Alexandrie et d’autres de son invention, ainsi que des théâtres mécaniques, des jeux d’eau, l’ensemble se mouvant par des roues hydrauliques et d’astucieux dispositifs mécaniques.
Des différentes réalisations qui suivirent la publication de Salomon de Caus, on peut encore aujourd’hui voir s’animer les machineries du château d’Hellbrunn, près de Salzbourg, réalisées en 1613 et modifiées au XVIIIe siècle (Bomy, Une histoire des techniques, pp. 216-217). D’autre part, c’est à lui que nous devons la description des premières machines à programme, étape capitale dans l’histoire des techniques ; ces dispositifs permettaient la commande automatique par tambour d’un flux d’air et d’eau. Après avoir exposé les lois fondamentales particulières à l’eau, à l’air et au feu, Salomon de Caus enseigne ici en trois livres, l’application de ces principes à la construction de machines.
Le livre premier décrit, entre autres, quelques automates imitant le chant des oiseaux et des horloges hydrauliques (clepsydres). Le livre deuxième traite de l’agencement des « grottes et fontaines » (grotte d’Orphée, grotte de Neptune) ; le troisième de la construction des orgues hydrauliques dont « l’inventeur le plus ancien qui nous est connu est Héron d’Alexandrie ».
L’iconographie se compose de nombreuses figures dont 6 à pleine page et une double (Diapason), d’importants ornements typographiques, de bandeaux décorés et lettres ornées, l’ensemble gravé sur bois, et en taille-douce, de deux titres-frontispices, 60 figures à pleine page et 3 à demi-page. Deux planches, gravées sur cuivre, sont signées, l’une P. Iseth (pl. 4 de la première partie), la seconde, J. V. Heyden (pl. 3 de la seconde partie) et deux autres offrent le texte gravé des soixante-cinq mesures d’un madrigal d’Alessandro Strigio mis en table par Pierre Filippi.
« Le premier livre des Raisons des forces mouvantes est à plusieurs égards remarquable. Il se distingue des théâtres de machines contemporains par une ambition théorique affirmée dans sa présentation en définitions, théorèmes et problèmes : les définitions établissent le cadre général de la physique aristotélicienne des quatre éléments. Les dix-huit théorèmes fournissent les données de la théorie mécanique appliquée aux machines hydrauliques. Deuxième point remarquable, Salomon de Caus aborde chaque théorème du point de vue des raisons, c’est-à -dire des proportions des forces mouvantes (et non de l’équilibre). Cette approche lui permet de mettre en avant la composition des forces qui s’exercent, ce qui a été salué plus tard comme l’une des premières expressions de l’idée de force composée ou moment. Enfin, les trente-cinq problèmes sont des applications des propriétés des forces mouvantes dans autant de machines tant utiles que plaisantes. Un autre trait remarquable est le souci de donner au lecteur des éléments d’information qui, dans les autres théâtres de machines, sont laissées à l’appréciation des constructeurs : « plans orthographiques », parfois à l’échelle, précision de dimensions, ou des qualités des matières (composition de certains mortiers). Ces dernières remarques concernent également les livres 2 et 3. L’ensemble place Salomon de Caus dans une position singulière relativement aux mécaniciens contemporains, par cette alliance entre théorie et pratique et entre physique et mécanique, dans le corps même de l’ouvrage où le recours au théorique est à la fois revendiqué et toujours limité à l’utile et à l’indispensable » (Hélène Vérin, CNRS, Paris 2009, on-line).
« Salomon de Caus, a prominent theorist of perspective, was renowned as an inventor of mechanical contrivances, utilitarian and enterning » (Kemp).
Très bon exemplaire, complet.
Provenance : bibliothèque Nordkirchen (ex-libris).
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