MIRABEAU Victor Riqueti L’Ami des hommes ou Traité de la population. Première [-sixième] partie.

Einaudi, 3941 ; Goldsmith, 9092 ; INED, 3194 ; Kress, 5543 ; Tchemerzine, III, 749-750 (mentionne par erreur un frontispice qui ne figure pas non plus dans l’exemplaire numérisé de la bibliothèque de l’Arsenal).

Édition originale des six parties de l’un des textes fondateurs de la doctrine physiocratique, contenant la première apparition publique du Tableau économique de Quesnay.

Premier économiste à suivre Quesnay dans la fondation du cercle physiocratique, Mirabeau avait lu et admiré les théories de Cantillon. En 1756, débuta la parution de L’Ami des hommes ou Traité sur la population, l’ouvrage contribua à la renommée de son auteur, issu d’une lignée de négociants italiens établis à Marseille, anoblis au XVIe siècle.

Mirabeau avait déjà publié les trois premières parties de l’Ami des Hommes quand il fit la connaissance de François Quesnay. Remarqué par Quesnay, familier de Madame de Pompadour, Mirabeau rejoignit le groupe des Physiocrates que celui-ci animait. Leur devise était : « Laisser faire, laisser passer. » Il y rencontra Dupont de Nemours, ainsi que Turgot, d’Alembert, Diderot, Helvétius et Buffon. Dès la quatrième partie, parue en 1758, l’influence de Quesnay est nettement sensible. Les deux dernières parties parurent en 1760, la dernière contenant le Tableau économique de Quesnay qui devint ainsi accessible au public pour la première fois. En effet, la première édition, qui avait été imprimée à très petit nombre sur la presse privée de Madame de Pompadour en décembre 1758 au château de Versailles, avait été soigneusement supprimée, il n’en subsiste presqu’aucun exemplaire. Quant au second tirage qui en fut fait à la fin de 1759, on n’en connaît que trois exemplaires. Ainsi, c’est grâce à l’Ami des Hommes que le Tableau économique fut enfin diffusé.

Les parties 4 à 5 ont chacune un sous-titre, notamment : Précis de l’organisation ou mémoire sur les états provinciaux (4e partie) ; Mémoire sur l’agriculture envoyé à la très louable société d’agriculture de Berne, avec l’extrait des six premiers livres du corps complet d’oeconomie rustique de feu M. Thomas Hall (5e partie). La 6e partie n’a pas de titre individuel mais s’intitule : Réponse à l’essai sur les Ponts et Chaussées, la voierie et les corvées, dont le célèbre Tableau économique occupe une très grande partie.

“Ce traité remarquable fit la plus grande sensation dans toute l’Europe. On dit qu’il a connu quarante éditions et qu’il a été traduit en plusieurs langues. Son auteur anonyme, bientôt découvert, devint l’idole du jour et fut généralement désigné par le sobriquet qu’il avait choisi pour le titre de son livre” (Palgrave II, p. 775).

[Relié à la fin du volume III :] [MIRABEAU, Victor Riquetti, marquis de]. Théorie de l’impôt. Paris, sans nom, 1760. In-4 (253 x 194 mm), de viii, 336 pp. Einaudi, 3946 ; Kress, 5883 ; Goldsmiths, 9602 ; INED, 3209. 

ÉDITION ORIGINALE, RARE. 
Ce traité exposant un projet de réforme fiscale du royaume de France est l’un des plus importants ouvrages économiques et financiers de l’Ancien régime. Composée avec la collaboration de Quesnay, la Théorie de l’impôt contribua à imposer les idées du courant physiocratique, dont elle est l’un des plus illustres fleurons.

“Ce fut la première œuvre vraiment personnelle de Mirabeau depuis sa conversion [à la physiocratie]. Le succès en fut très vif. Mirabeau développe les principes de la nouvelle école avec un franc-parler qui lui attira de nombreux suffrages et le fit emprisonner. Il s’élève notamment contre les fermiers-généraux, fait une critique sévère du régime fiscal alors en vigueur, et énonce trois conditions nécessaires à une juste imposition” (INED).

Très bel ensemble de deux rares éditions originales de Mirabeau relié aux pièces d’armes de la famille Rohan-Chabot. Dos passées, épidermures aux plats et aux angles.

Provenance : famille Rohan-Chabot (pièces d’armes).