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CONVULSIONNAIRES – MANUSCRIT Exposé de ce qui s’est passé dans un Comité de Convulsionnaires tenu à Paris le 10 février après midi.

VENDU

Paris, 1760

Manuscrit in-4 (225 x180 mm) de 1 f. de titre, 45 pp. et 3 f.n.ch. Vélin de l’époque.

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6500,00 

1 en stock

Bibliothèque Guy Bechtel, cat. 1978, n° 89.

Étonnant compte-rendu manuscrit d’une démonstration de convulsionnaires.

Le document est signé Morand : il s’agit peut-être du chirurgien Sauveur François Morand ou de son fils, Jean-François, lui-aussi médecin et pensionnaire de l’Académie des Sciences.

L’auteur, de toute évidence médecin, s’était introduit de façon anonyme dans un appartement parisien où une réunion de convulsionnaires devait se tenir. Il assiste à l’ensemble de la cérémonie qu’il relate en détail.

Quatre convulsionnaires entrent successivement en transe : sœur Rachel, sœur Félicité, sœur Sion, et sœur Suzanne. Un personnage masculin en robe de chambre, appelé Papa par les convulsionnaires, est le maître de cérémonie.

“Si l’on en juge par les contorsions, par les raidissements des membres, dans lesquels les poignets se ferment et les doigts se serrent fortement, par les postures dans lesquelles on voit le visage rougir, la gorge se resserrer ou se gonfler, dans lesquelles la respiration tremblante, gesnée, retenue ou forcée est entrecoupée de sanglots, de soupirs, de sons plaintifs (…) tout contribue à faire passer (…) l’idée d’une situation violente, d’un état de douleur, et d’une personne menacée de suffocation… Dans quelques accès particuliers où les sœurs saisies d’une espèce de delyre ou d’extase, semblent revenues à un état de simplicité et d’innocence dans un degré approchant l’enfance ces secours qui répugneraient à bien du monde, sont sollicités, sous le titre de NANAN.” Les “secours” sont en fait les souffrances variées infligées par “papa” : deux sœurs sont successivement crucifiées, sans le moindre signe de douleur (l’une d’entre elles déclare subir la crucifixion pour la 21e fois). “Les clous qui sont employés à cette opération, sont de l’espèce dite Demi Picard, très aigus et longs de 5 pouces” (l’auteur parviendra à en subtiliser un). L’une d’entre elles “non contente de cet essay, a tout de suite demandé que sa langue fut fendue ; il lui a été donné satisfaction”; une autre sœur choisit la bûche “un gros tronçon de bois de chesne rond, lisse et poli…” à l’aide duquel “papa” pilonne son dos ; une autre demande la sangle.

Morand observe avec un œil exercé de médecin le pouls, la respiration et les différents signes chez les convulsionnaires. Il fait remarquer que “malgré l’intrépidité décidée” de l’officiant, “les secours en usage dans l’œuvre des convulsions, ne sont pas précisément ce qu’ils paraissent au premier coup d’œil”, l’homme “possède l’art et le talent de [les] rendre supportables”.

En fin de volume se trouve le récit d’une autre séance à laquelle assistaient différentes personnalités, et au cours de laquelle la police est intervenue, arrêtant “le papa et les sœurs qui étaient au nombre de six”.

Il est suivi du compte-rendu d’audience, d’une autre main.

L’auteur a travaillé son texte, le raturant et le corrigeant à plusieurs reprises (en vue d’un exposé à l’Académie des Sciences ? mais ce mémoire ne figure pas à la table pour les années 1760-61). Il a fait précéder sa signature d’une formule latine attestant la véracité de son témoignage : “testor de visu”.

Le volume porte sur le titre, de la même main, la mention “Remis à la bibliothèque de l’académie des Sciences, par le témoin soussigné à la page 45” (Morand), ainsi que plusieurs cachets de la dite bibliothèque et un cachet “Double échangé”.

Au verso du titre : très intéressant ex-libris gravé contemporain, armorié mais non identifié, répété au pochoir en tête du texte.

Document exceptionnel.

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