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In-8 (173 x 114 mm) de 192 pp. Velin ivoire, dos lisse avec titre manuscrit (reliure de l’époque).
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Catalogue James de Rothschild, n° 1143 ; Tchemerzine-Scheler, II, 235 ; Pellison, Histoire de l’Académie françoise. Depuis l’établissement de l’Académie jusqu’en 1652, 1743 ; Picot, Bibliographie cornélienne, n° 1380 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 379 ; Bulletin Morgand, n° 7835 (« Ce fut Chapelain que l’Académie nomma pour recueillir ses observations ») ; voir bibliothèque Hector de Backer, II, no. 852. Manque à Brunet.
Édition originale du premier livre publié par l’Académie française.
‎Pour sa première publication, l’Académie fait face à un problème épineux : non seulement elle s’empare d’une querelle qui anime la sphère littéraire française entre les partisans du Cid et ses opposants, au moment où des centaines de libelles se répondant les uns aux autres voient le jour ; mais elle s’expose également à un problème juridique. En effet d’après ses statuts, l’Académie ne peut examiner que des ouvrages publié par ses membres. Pour les autres écrivains, elle ne peut qu’émettre des avis. A travers le présent ouvrage, l’Académie française prend part à la vive polémique déclenchée par la parution du chef-d’œuvre de Corneille en 1637.
Le succès du Cid avait fortifié l’ego de Corneille qui publia le 20 février 1637 l’Excuse à Ariste pour répondre au premières critiques de sa pièce :
« Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.
[…]
J’arrache quelquefois trop d’applaudissements ;
[…]
Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée,
Et pense, toutefois, n’avoir point de rival
A qui je fasse tort en le traitant d’égal… »
Cet excès de confiance n’était pas pour plaire aux dramaturges et autres académiciens et Georges de Scudéry répondit anonymement à Corneille en publiant ses Observations sur le Cid. Soutenu par Richelieu, il continua son entreprise et fit paraître en juin 1637 une Lettre de Mr de Scudery a l’Illustre Académie, dans laquelle il demande l’examen du Cid.
La parution des Sentiments de l’Académie française sur la tragi-comédie du Cid constitua alors la dernière étape de la querelle. Le 30 juin 1637, Chapelain présenta son mémoire à l’Académie puis à Richelieu. Ce dernier le corrigea en plusieurs endroits, comme en témoigne le manuscrit conservé à la BNF et comprenant de nombreuses notes «de la main de M. Citois, son premier médecin ». Il fut finalement publié à la fin de l’année après un privilège accordé le 26 novembre.
Le livre, largement diffusé, entraina la fin de la querelle grâce au jugement officiel de l’Académie. Ce fut donc une double réussite pour l’Académie qui se fit largement connaître grâce à cette publication et qui réussit à imposer son autorité de société savante.
« Scudéry s’étant avisé d’écrire un libelle contre Corneille sous le titre d’Observations sur le Cid’ et d’en appeler au jugement de l’Académie, le cardinal de Richelieu prit son parti et força la Compagnie, malgré ses répugnances, à se mêler d’une affaire dans laquelle le sentiment public s’était déjà vivement prononcé : ‘En vain contre le Cid un ministre se ligue Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue’. Le 16 juin 1637, l’Académie, pour complaire à son puissant protecteur, confia à trois commissaires, dont Chapelain et Conrart, le soin de préparer la réponse aux ‘Observations’ de Scudéry. Le manuscrit de Chapelain est conservé à la Bibliothèque nationale. Presque à chaque page, de la main du cardinal ou de celle de Citois, son médecin, on trouve des notes marginales, des passages soulignés, des ratures qui témoignent de l’intervention passionnée de Richelieu. Si bien qu’on peut presque affirmer que le livre qui a pour titre : ‘Les Sentimens de l’Académie françoise sur la tragi-comédie du Cid’, est bien plus son œuvre que celle de la Compagnie. » Bibliothèque H. De Backer, n°852.
« Corneille ayant fait représenter son ‘Cid’, il fut mis infiniment au-dessus de tous les autres… Entre ceux qui ne purent souffrir l’approbation qu’on donnait au ‘Cid’, et qui crurent qu’il ne l’avait pas méritée, M. de Scudéry parut le premier, en publiant ses ‘Observations’ contre cet ouvrage, ou pour se satisfaire lui-même, ou, comme quelques-uns disent, pour plaire au Cardinal. En de différent qui partagea toute la Cour, le Cardinal sembla pencher du côté de M. de Scudéry, et fut bien aise qu’il écrivit à l’Académie française pour s’en remettre à son jugement… Le 16 juin 1637 il fut ordonné que l’Académie examinerait le ‘Cid’ et les ‘Observations’ contre le Cid. M. Chapelain présenta le manuscrit de ses mémoires au Cardinal. J’ai vu avec beaucoup de plaisir ce manuscrit apostillé par le Cardinal en sept endroits, de la main de M. Citois, son premier Médecin. Ces apostilles témoignent qu’il était persuadé de ce qu’on reprochait à M. Corneille, que son ouvrage péchait contre les règles. Il examina cet écrit avec beaucoup de soin et d’attention. Ainsi furent mis au jour, après environ cinq mois de travail, les ‘Sentimens de l’Académie françoise sur le Cid’. Le Public reçut avec beaucoup d’approbation et d’estime ce travail de l’Académie Françoise. Ceux-là même qui n’étaient pas de son avis ne laissèrent pas de la louer : & l’envie qui attendait depuis si longtemps quelque ouvrage de cette Compagnie, pour le mettre en pièces, ne toucha point à celui-ci. » (Pellisson, Histoire de l’Académie françoise, 1743, pp. 110-130).
Bel exemplaire dans sa reliure d’époque.
Petite galerie de vers dans la marge supérieure de l’ouvrage affectant le premier tiers de l’ouvrage mais sans atteinte au texte.
Du lundi au samedi
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(18h les lundi et samedi)
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